Voyage accessible : c'est possible ?
Quand on est en fauteuil roulant, partir en voyage peut paraître compliqué : manque d’informations, peur de ce qu’on va trouver sur place, temps de recherche important… Heureusement, on peut quand même vivre de supers expériences accessibles un peu
partout dans le monde, près de chez soi ou plus loin : tout est une question d’organisation !
Voila quelques conseils qui pourront vous aider à voyager sereinement...
Choisir sa destination
Si c’est votre premier voyage, n’hésitez pas à tester vos capacités dans un pays ou une région où vous serez certain(e) de trouver des endroits où vous pouvez profiter en toute autonomie : ça vous permettra de tester ce qui vous convient tout en profitant du dépaysement, et d’avoir une courbe d’apprentissage en dehors de votre environnement habituel sans trop galérer dès le premier voyage (il ne faudrait pas se dégouter) ! Les pays anglo-saxons (US, Australie, Angleterre) et les pays scandinaves (Norvège, Suède, Danemark) sont par exemple réputés pour leur exemplarité en termes d’inclusion. En Europe, l’Espagne et l’Allemagne proposent aussi des destinations très accessibles, notamment dans les villes où on a eu de très belles surprises.
Pour savoir ce qui est accessible, n’hésitez pas à aller vous renseigner sur le site de la destination (office du tourisme) : ce n’est pas toujours parfait, mais il peut y avoir des informations utiles. Vous pouvez également trouver des guides de voyage adaptés (ils sont rares, on va être honnêtes), comme « Vacances accessibles en France » chez Michelin, l’annuaire de l’accessibilité (monde) chez Lonely Planet ou encore le « Guide Handitourisme » chez Le Petit fûté. Ce dernier n’est pas vraiment un guide de voyage, mais il vous permet de trouver des adresses utiles dans différents pays : une bonne liste de ressources. Il existe également divers blogs de voyage en fauteuil (Wheeled World bien sûr, mais aussi Handilol, Mille Découvertes sur 4 Roulettes, I Wheel Travel, Roulettes et Sac à Dos, Magic Bastos…). Leur avantage : partager une expérience vécue de manière objective, qui vous aidera à vous projeter dans un itinéraire ! Et enfin, si vous ne trouvez rien dans tout ça, il vous reste la recherche sur les moteurs. Tapez le nom de votre destination, de ce que vous cherchez (hébergement, activité) puis utilisez des mots clés comme « accessible » ou « fauteuil roulant » : la recherche peut être longue, mais vous obtiendrez sûrement des résultats !
Préparer son voyage
1. Trouver son logement
Première étape : se connaître, et connaître ses priorités ! Pour nous, le plus important est d’avoir un logement accessible et une salle de bain adaptée, le plus souvent possible ! Cela nous permet de nous reposer et d’allouer notre énergie à la découverte plutôt qu’aux soucis du quotidien. Afin de garantir ce paramètre, on réserve tous les logements le long de l’itinéraire fixé longtemps à l’avance.
Réserver son hébergement est souvent une source de stress et une étape chronophage de la planification de son voyage quand on est en fauteuil ! Pour y parvenir, plusieurs options :
- Les sites de réservation généralistes (AirBnB, Booking.com, Gîtes de France…)
Ils permettent d’accéder à une offre très large de logements, mais les filtres d’accessibilité manquent souvent de précision. Si les photos sont parlantes et que l’hébergement a bien renseigné les informations d’accessibilité, il peut être très simple de le réserver en ligne. Dans le cas contraire, la réservation peut demander de nombreux échanges avec l’hôte et prendre un temps considérable, voire réserver quelques déconvenues à l’arrivée si les photos ne permettent pas de se rendre compte des aménagements disponibles dans le logement.
- Solutions de réservation spécialisées (en France)
Il est possible d’accéder à une liste d’hébergements accessibles et à leurs coordonnées sur le site Tourisme et Handicap.
Une solution a été créée récemment pour permettre à chacun de trouver un logement en fonction de ses contraintes en besoins. Le site Toolib.fr recense des logements disposant d’aménagements pour les personnes en situation de handicap : il vous suffit de compléter votre profil pour que le site ne vous propose que des hébergements disposant des aménagements qui vous correspondent, vérifiés par un(e) ergothérapeute.
- Les chaînes hôtelières
Si la plupart des chaînes hôtelières indiquent l’existence d’une chambre accessible dans le lieu recherché, le descriptif des équipements est rarement parlant pour une personne à mobilité réduite (seule exception : les États-Unis ou les chaînes américaines, où il est souvent possible de réserver la chambre accessible, photos à l’appui) : le cas échéant, nous vous conseillons de contacter directement l’hôtel souhaité par mail ou téléphone pour confirmer qu’ils disposent de ce dont vous avez besoin.
- Les échanges de maison
Il est possible d’échanger sa maison lorsque l’on est en fauteuil roulant, bien que l’offre soit réduite. APF France Handicap liste dans cet article les sites qui permettent de sélectionner un critère d’accessibilité dans la recherche
2. Définir le programme
Notre premier conseil : ne vous fermez pas de portes avant d’avoir essayé ! Si une expérience vous tente, même si elle n’est pas accessible, n’hésitez pas à appeler les personnes qui s’en occupent pour voir ce qu’ils peuvent vous proposer en fonction de vos besoins et de vos contraintes. Peut-être même qu’ils auront déjà tenté l’expérience avec une personne en fauteuil et qu’ils pourront vous dire à quoi vous attendre… Qui sait ?
Pour trouver des activités accessibles, la démarche est la même que pour chercher sa destination.
En voyage, on a souvent envie de tout faire ! Prenez le temps d’écouter votre corps, surtout si vous faites beaucoup de déplacements ou d’activités sportives. En voyage, les muscles peuvent être mis à rude épreuve avec un plus grand nombre de transferts, des activités qui sortent de votre quotidien et vont fortement solliciter votre haut du corps. Pensez à inclure des temps de repos dans votre programme pour ne pas vous blesser et devoir écourter votre voyage.
3. Faire ses bagages
Dans vos bagages, c’est souvent le matériel médical qui prend le plus de place. Voilà trois choses à faire pour optimiser votre chargement :
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Retirez les boites des sondes pour qu’elles prennent moins de place dans vos bagages. Répartissez-les entre vos différents bagages (y compris le bagage cabine si vous prenez l’avion) au cas où l’un d’eux venait à être égaré. Vous êtes ainsi assuré d’en avoir toujours à portée de main, même si certains bagages mettent un peu plus de temps à vous rejoindre.
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Pensez à prendre plus de médicaments et de sondes qu’à votre habitude (ainsi que quelques protections d’hygiène) car on ne sait jamais ce qu’il peut se passer en voyage (infection urinaire, changement d’habitudes alimentaires, bagage perdu…)
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Prenez votre ordonnance et/ou un certificat de voyage traduit dans plusieurs langues pour la présenter aux autorités en cas de contrôle ou si vous devez passer en pharmacie : normalement ce n’est pas indispensable, mais certaines douanes ou administrations peuvent être très pointilleuses : il est inutile de prendre des risques !
Comment se déplacer ?
Prendre le train en fauteuil roulant
L’offre de la SNCF a nettement évolué ces dernières années pour proposer de meilleurs services aux personnes en situation de handicap avec notamment des tarifs réduits pour les personnes à mobilité réduite et leur accompagnant ainsi qu’une aide à la réservation et une prise en charge en gare. Il est nécessaire de réserver votre trajet à minima 24 heures à l’avance et de réserver l’assistance sur la plateforme Assist’enGare. Le jour du départ, vous devrez vous présenter à l’accueil dédié en gare au moins 30 minutes avant le départ de votre train.
Pour en savoir plus sur les tarifs et les modalités de prise en charge, la SNCF met à disposition un guide complet pour les personnes à mobilité réduite juste ici.
Il est aussi possible de se rendre en train dans de nombreux pays européens depuis la France. La compagnie Eurostar propose des billets à tarifs fixes pour les personnes à mobilité réduite et leur accompagnant en direction de Londres, la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas. En plus, le repas est inclus dans le prix du billet. De son côté, la Deutsche-Bahn a un très bon service client pour réserver son billet vers les destinations non desservies par Eurostar. Enfin, la compagnie OBB-Nightjet propose deux trains de nuit avec des cabines adaptées à destination de Berlin et Vienne !
Prendre l’avion en fauteuil roulant
Le train reste la solution la plus pratique pour voyager en France… Mais l’avion est parfois nécessaire pour couvrir de plus grandes distances ! Le problème ? Lorsque l’on est en fauteuil roulant, c’est un moyen de transport qui peut faire peur !
Rassurez-vous : il est tout à fait possible de l’utiliser grâce aux services dédiés des compagnies aériennes et aux offres d’assistance dans les aéroports, sous réserve d’organiser soigneusement son voyage. Voici un aperçu du processus à suivre pour voyager sereinement en avion :
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À la réservation : avant de réserver vos billets, pensez à prendre contact avec les services PMR des compagnies aériennes. Cela vous permettra de leur indiquer vos besoins spécifiques en termes de prise en charge et de leur transmettre les informations sur votre matériel (type de fauteuil roulant, dimensions, équipement médical, caractéristiques de vos batteries le cas échéant…). Les coordonnées de ces services sont disponibles sur le site internet de chaque compagnie ; si vous ne pouvez pas les joindre avant, il existe dans la majorité des cas une case « besoins d’assistance spécifique » à cocher pendant la réservation. C’est ensuite la compagnie aérienne qui vous contacte pour vérifier que vos besoins seront bien pris en compte. À noter : pour bénéficier d’une assistance, il est nécessaire de réserver au moins 48 heures à l’avance ; en fonction de vos contraintes, la compagnie aérienne peut exiger que vous voyagiez accompagné.
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Les modalités d’assistance dépendent ensuite de votre profil : dans certains cas, il vous sera demandé de vous installer dans l’un des fauteuils de l’aéroport dès l’accueil. En fauteuil roulant manuel, il est possible de demander que la prise en charge commence à la porte d’embarquement, sous réserve de s’être enregistré préalablement à l’accueil. Les passagers à mobilité réduite embarquent en premier, dans la plupart des cas : ne tardez pas à vous rendre à la porte d’embarquement une fois les procédures réalisées à l’accueil.
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Transport du fauteuil roulant : les fauteuils sont transportés en soute. Si des efforts ont été faits sur le sujet ces dernières années, la manipulation des équipements par les bagagistes ne se fait pas toujours en douceur. Pour limiter les risques, nous vous recommandons :
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De privilégier les vols directs et de rester le plus longtemps possible sur votre fauteuil avant le départ (jusqu’à la porte d’embarquement si possible, pour limiter les manipulations par un tiers),
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De ne pas démonter votre fauteuil roulant manuel pour limiter les risques de casse (garder notamment les roues solidaires du châssis, abaisser votre dossier),
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De conserver avec vous tout ce qui pourrait tomber du fauteuil pendant les manipulations par un tier (coussin, roue avant…)
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De demander à l’équipage pendant le vol à ce que votre fauteuil vous soit rendu à la porte de l’avion dans la mesure du possible, et non à la réception des bagages,
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De conserver soigneusement tous les documents de votre voyage (confirmation de réservation, carte d’embarquement…) pour procéder à une réclamation auprès de la compagnie aérienne à l’arrivée si nécessaire.
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À l’arrivée : si vous avez réservé une assistance au départ, l’aéroport de destination sera informé par la compagnie aérienne de vos besoins d’assistance à l’arrivée. Les passagers à mobilité réduite sont souvent les derniers à sortir de l’avion : prévoyez une marge dans votre planning si vous prenez des engagements à l’atterrissage.
Les récits de matériels abimés pendant les vols sont nombreux, de gros progrès restent donc à faire sur la sérénité et la prise en charge des passagers à mobilité réduite. On tient cependant à souligner qu’en 5 ans de voyage, y compris 7 mois de tour du monde (soit environ 35 vols, sans compter les escales), nous n’avons eu que deux problèmes (une roue abîmée et un fauteuil oublié à l’escale…). Alors oui, il suffit d’une fois pour que la situation soit très désagréable à vivre, mais cela prouve néanmoins qu’une bonne prise en charge est possible.
Transports et WC accessibles : ça se passe comment ?
Si vous êtes en train, il est possible d’aller seul aux toilettes car elles sont généralement juste à côté des places réservées aux personnes à mobilité réduite (attention : en fonction des compagnies et des trains, les WC ne mesurent pas la même taille. Les trains anciennement Thalys (France vers Belgique, Pays-Bas, Allemagne) ont notamment des cabines très étroites).
Si vous êtes en avion, il faut faire appel à l’équipage pour qu’ils viennent avec une chaise de bord. Une fois installé dessus, ils pourront vous emmener aux toilettes les plus proches de votre place. N’attendez pas que votre envie soit trop pressante car ils peuvent mettre un certain temps à venir vous voir et cela pourrait créer un véritable inconfort. Les toilettes à bord sont par ailleurs rarement « accessibles » : espaces restreints, transferts très difficiles et intimité limitée car dans la plupart des cas la porte ne peut pas être fermée si vous restez sur la chaise de bord.
Dans les deux cas, on vous conseille de toujours avoir sur vous un petit set de sondage pour plus de praticité sans oublier du gel hydroalcoolique pour vous laver les mains avant et après.
Enfin, si vous cherchez des toilettes accessibles pendant votre séjour, les applications Accessaloo et Où sont les toilettes ? vous indiqueront les plus proches de vous.
Équipements indispensables
En fonction des terrains et des conditions météorologiques que vous rencontrerez pendant votre voyage, il est important d’emmener le bon équipement :
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Équiper son fauteuil
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Pneus cross : un peu plus large que des pneus de ville, ils vous donnent plus de stabilité en randonnée
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Roue avant : elle permet de soulever les petites roues pour avancer plus facilement sur des terrains compliqués
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Harnais d’expédition polaire : Si vous voyagez à deux, c’est l’achat idéal si vous souhaitez faire des randonnées. Vous pouvez le relier à votre fauteuil à l’aide de cordes et vous serez alors deux à fournir un effort !
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Bien s’habiller
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Si vous avez des problèmes de thermorégulation, il est important de prévoir des habits qui vous permettent de vous protéger. Si vous partez dans le désert, une couverture de survie est par exemple un bon moyen pour conserver vos jambes à une température plus confortable. Si, à l’inverse, vous partez dans une destination froide, des vêtements techniques enfilés en couche vous permettront de vous adapter plus facilement.
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Matériel médical
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Vérifier avec votre médecin qu’il n’y a pas de contre-indications pour vous lancer dans une aventure qui sort de votre quotidien
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Pensez à partir avec des sondes dont la lubrification résiste à des conditions extrêmes. Certains modèles peuvent plus ou moins bien résister et en fonction, vous pourriez vous blesser pendant leur utilisation.
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Avec tout ça, vous devriez être prêts à partir… Plus qu’à profiter du voyage !